Comment associer emploi et technologie ? L’emploi comme moyen ou comme fin ? On n’associe pas immédiatement Tech et réinsertion professionnelle alors que nombreux sont les exemples qui démontrent le potentiel de la technologie au service de l’emploi. De la réparation du hardware à la construction de logiciels facilitant l’accès aux usagers en passant par des services 100% Tech pour favoriser l’accès et le maintien de l’emploi, tout est possible !
En France, RézoSocial emploie des personnes en grande précarité qui ont un potentiel en informatique : SDF, femmes victimes de violences, personnes en situation de handicap. L’entreprise permet ainsi à des personnes jugées inemployables de trouver un emploi pérenne en moins de 2 ans grâce à la technologie. D’après Idriss Bennani, le co-créateur : « L’ESS porte des innovations sociétales, mais aussi technologiques ! Nous avons démontré qu’il est possible d’allier le travail social et les prestations à forte valeur ajoutée en informatique. Chacun a des talents, à nous de les détecter et de les faire fleurir.». Un autre exemple en France, ATF Gaia embauche des personnes en difficulté pour restaurer des ordinateurs usagés. « En 2016, l’entreprise a réparé et vendu 103 419 matériels informatiques permettant la création de 14 emplois dont 10 pour des travailleurs handicapés, ainsi que la pérennisation et la professionnalisation d’une soixantaine d’emplois. Chaque année c’est une dizaine de personnes en situation de handicap qui intègrent nos équipes.», témoigne Sylvain Couthier, président du Groupe.
En Italie, nombreuses sont les entreprises sociales qui font de la réinsertion, mais plus rares celles qui utilisent le digital. Parmi elles, Fraternità Sistemi emploie exclusivement des personnes en situation de fragilité physique ou psychique. Les employés utilisent le digital pour effectuer des recherches cadastrales et notariales sur le territoire pour les villes ou administrations publiques. Son impact est triple : gain pour l’administration, création et valorisation des connaissances digitales des salariés qui les mènent à l’autonomie. Un second exemple en Italie, MAAM (MaternityAsAMaster) a permis à 1500 mères et 100 pères de reprendre le travail plus facilement en proposant des parcours digitaux élaborés sur l’expérience de la maternité. Un dernier exemple en Europe, Passwerk, en Belgique engage des personnes présentant un profil du spectre de l’autisme (PSA) pour tester des logiciels.
Ces entreprises sociales font aujourd’hui face à plusieurs obstacles, dont l’un des plus récurrents est d’atteindre un plus grand nombre et une plus grande diversité de bénéficiaires. Les entreprises sociales ont donc besoin de l’expertise d’acteurs déjà présents ou ayant accès à des données comme celles fournies par Pôle Emploi sur les chômeurs. Par exemple, l’association WIMOOV qui accompagne les publics en situation de fragilité vers une mobilité autonome en faveur de l’emploi, se digitalise grâce à un contrat à impact social (CIS) en cours de structuration par BNP Paribas et évalué par KIMSO. L’ambition du projet est d’insérer davantage de personnes dans le monde du travail grâce à la Tech.
Tous ces exemples témoignent de la force du digital comme levier pour l’emploi. Multiples sont les défis de ce mariage entre entrepreneuriat et Tech for good, mais nombreuses sont aussi les entreprises sociales à travers le monde qui ont réussi à s’approprier et à exploiter le potentiel incalculable du digital.
Claudia Belli,
Responsable Social Business et Microfinance
BNP Paribas
Cet article est tiré du Baromètre de l’Entrepreneuriat Social 2018 téléchargeable ici.