Partout dans le monde, les femmes sont touchées par l’exclusion financière. En France, par exemple, une étude réalisée par le cabinet Boston consulting group (BCG) en 2019 révélait qu’un projet entrepreneurial présenté par une équipe féminine devant un fonds d’investissement avait 30 % de moins de chance d’être financé.

Ailleurs dans le monde, notamment dans les pays en développement, les femmes peuvent avoir des difficultés à accéder aux organismes financiers traditionnels comme les banques ou les fonds d’investissement. Reste l’alternative du microcrédit solidaire pour financer leur projet entrepreneurial. Selon le baromètre de la microfinance de l’association Convergences, 80 % des emprunteurs des institutions de microfinance sont des femmes.

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Le leader européen du microcrédit solidaire

Aider les plus précaires à se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est le pari de Babyloan. Ce site Internet créée en 2008, est aujourd’hui le leader européen du secteur. Elle met en relation des investisseurs avec des porteurs de projets, partout dans le monde.

Sur le principe du financement participatif (« crowdfunding »), chacun peut choisir un projet et la somme qu’il souhaite y investir. L’argent est ensuite délivré sous forme de prêt à l’entrepreneur qui rembourse petit à petit son emprunt. Un acte solidaire, donc, pour le prêteur qui ne gagne ni ne perd d’argent. Babyloan a cependant lancé à l’automne une nouvelle offre, Babyloan Impact, destinée à obtenir des sommes plus importantes, qui font l’objet d’une rémunération « allant jusqu’à 6 % d’intérêts bruts annuels. »

34 000 femmes financées grâce à Babyloan

En douze ans, Babyloan a permis de financer environ 50 000 entrepreneurs, pour l’essentiel dans des pays en développement, pour une demande de prêt équivalente à 700 à 800 € en moyenne. « Avec un total de 34 000, les femmes représentent 70 % de nos emprunteurs », se félicite Arnaud Poissonnier, son fondateur.

Le dirigeant met un point d’honneur à favoriser l’entrepreneuriat féminin. « Nos intermédiaires chargés de sélectionner les projets sur le terrain ont pour consigne de respecter ce pourcentage de 70 % », précise-t-il.

« Elles améliorent la condition de toute leur famille »

Pour lui, l’« indépendance économique est un outil d’intégration essentiel » pour les femmes des pays en développement. « Grâce au microcrédit, elles améliorent la condition de toute leur famille et s’émancipent de leur mari. Elles sont fières de pouvoir mettre leurs enfants à l’école », souligne-t-il. Les projets financés sont très divers : épiceries, salons de coiffure, d’esthétique, magasin de couture…

« Les femmes remboursent mieux que les hommes, elles sont souvent des mères de famille et ont un grand sens des responsabilités », remarque Arnaud Poissonnière. « D’après mon expérience, les femmes ont une meilleure gestion financière que les hommes », abonde Inès Rhouma de l’université de Kairouan en Tunisie.

L’enseignante a mis en place un système de coaching pour aider ses étudiantes à se lancer dans l’entrepreneuriat. Elle est également investie depuis dix ans dans Femmes Leadership qui favorise l’insertion des femmes tunisiennes dans les sphères politiques, économiques et associatives.

« Accompagner pour sortir de la précarité »

« En Tunisie, il existe beaucoup de programmes pour soutenir les projets des femmes entrepreneuses. Mais pour celles qui ne rentrent pas dans les critères des banques, c’est difficile de se financer. À ce moment-là, elles se tournent vers le microcrédit», commente Inès Rhouma.

« La microfinance permet aux femmes précaires de mieux s’en sortir même si ça n’est pas la panacée », précise Laure Le Douarec qui a fait plusieurs missions au Maroc et à Madagascar pour aider les femmes dans leurs projets d’entreprise avec son association 2d4b. « Ce qui est très important c’est de ne pas juste les inciter à faire des prêts mais de les accompagner pour sortir de la précarité », conclut-elle.

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, une cagnotte de dons a été créée par Babyloan pour soutenir exclusivement des projets portés par des femmes. « L’argent sera donné par l’investisseur puis prêté aux femmes entrepreneuses, explique Arnaud Poissonnier. Quand le premier projet sera remboursé, il servira de prêt à un deuxième et ainsi de suite à l’infini ».