Bien qu’encore jeune, le secteur de la microfinance a vécu ces dernières années une croissance annuelle mondiale importante, proche de 9% en moyenne. Regards croisés entre Eric Campos (Directeur RSE, Crédit Agricole SA & Délégué général, Fondation Grameen Crédit Agricole), Alain Levy (Directeur microfinance Amériques et Asie, BNP Paribas) et Dominique Lesaffre (Directeur, SIDI) sur la rentabilité du secteur et les bonnes pratiques à adopter pour conjuguer performance économique et sociale. 

Qu’est ce qui a poussé vos organisations respectives à investir en Microfinance ?

Alain Lévy (AL) : BNP Paribas est présent dans le secteur depuis 1989. Au sein du Groupe, ce secteur ne suit pas une approche commerciale classique. Même si nous pratiquons une marge sur nos opérations, notre objectif est principalement social car il nous fixe d’atteindre 350 000 micro-emprunteurs financés d’ici fin 2018. C’est une opportunité de contribuer au développement social et à l’inclusion financière des populations fragiles des pays dans lesquels nous travaillons.

Dominique Lesaffre (DL) : La SIDI a comme mission d’appuyer l’insertion socio-économique des populations marginalisées, en privilégiant le « rendement social » de son action. Nous visons plus particulièrement à pérenniser, à développer et à améliorer l’offre de services financiers et non-financiers, en particulier dans les zones peu desservies (pays en crise, zones rurales, Afrique subsaharienne), c’est pourquoi nous appuyons la consolidation institutionnelle, économique et sociale des institutions de microfinance (IMF) locales.

Eric Campos (EC) : Nous ne sommes pas investisseur mais opérateur. La Fondation a été créée par Crédit Agricole associé au professeur Yunus, prix Nobel de la Paix, pour lutter contre la pauvreté et non pas pour investir dans la lutte contre la pauvreté. C’est une différence majeure. Nous avons été créés pour prendre part, aux côtés d’autres acteurs, à son éradication. Pour cela, nous déployons des modalités d’actions diversifiées mais qui présentent une même cohérence : la recherche de la maximisation de l’impact et de la durabilité de l’action.

Comment gérez-vous les risques financiers dans vos activités de microfinance ?

EC : Il y a plusieurs types de risques : les principaux sont le risque de contrepartie, le risque de change et le risque de taux. Notre approche vise à protéger nos partenaires en adaptant la structure et la nature de nos financements en fonction de leur activité. Les IMF avec lesquelles nous travaillons octroient des prêts, presque systématiquement en monnaie locale pour éviter de les exposer au risque de change. Nous prêtons à taux fixe afin de les protéger des fluctuations régulières de la courbe des taux. Concernant le risque de contrepartie, nous le suivons et l’anticipons grâce à des indicateurs clés que nous demandons à nos partenaires de nous communiquer, après la mise en place de nos financements, sur une base trimestrielle, quelquefois même mensuelle.

AL : Pour notre part, nous avons fait beaucoup de pédagogie en interne pour expliquer aux collaborateurs de la banque que la microfinance n’est pas une activité philanthropique mais un social business. Nous avons donc mis en place les mêmes procédures que pour les autres lignes de crédit : création d’une politique de risque spécifique, due diligence, rédaction d’une proposition de crédit, présentation dans un comité risque, suivi trimestriel… L’objectif est double pour nous : démontrer que l’IMF a la capacité financière de rembourser les échéances de ses prêts tout en respectant sa mission sociale auprès de ses micro-emprunteurs. Enfin, tous nos financements sont également en monnaie locale.

Après plusieurs années d’investissement, quel bilan faites-vous du secteur de la microfinance ? A-t-il été rentable pour vos organisations d’investir dans ce secteur ?

EC : Le secteur de la microfinance est un secteur jeune, qui a connu de nombreuses améliorations, portées par les acteurs privés eux-mêmes, sur le plan financier mais aussi sur celui de la performance sociale. Des normes internationales ont ainsi été édictées par les praticiens eux-mêmes rassemblés au sein d’une association, la SPTF, chargée de travailler à l’émergence de standards en matière de mesure de la performance sociale. La Fondation enregistre un résultat net positif tout en accompagnant et finançant plus de 60 IMF qui présentent un haut niveau de performance sociale. Nous intervenons dans plus de 30 pays dans lesquels nos partenaires servent plus de 3,5 millions de bénéficiaires. Etre à la fois équilibré et durable sur le plan financier et impactant sur le plan social est tout à fait possible.

DL : Après 35 années de travail, la SIDI est satisfaite des effets de ses investissements sur la structuration des institutions locales, et donc sur la qualité et la durabilité des services fournis aux populations. Citons par exemple Amret au Cambodge, ou Centenary Bank en Ouganda, deux structures dont nous avons été actionnaire fondateur et que nous avons accompagnées, sont devenues depuis des leaders rentables et efficaces, sur leur marché. Il est d’ailleurs intéressant de constater que notre taux de rentabilité interne des investissements en microfinance – prêts et participations confondues – est positif, confirmant qu’il est possible d’assumer un mandat social fort tout en étant rentable.

Comment s’assurer que la performance sociale ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la rentabilité ?

DL : Si la redevabilité sociale n’est pas qu’un concept creux pour satisfaire les besoins de RSE, mais qu’elle répond aux objectifs stratégiques de l’IMF, alors la performance sociale prend toute sa place et n’a pas besoin de se plier à la standardisation actuellement observée, qui tend à appauvrir l’expression des priorités stratégiques des institutions concernées. À cette condition, la performance sociale peut même devenir une des conditions de la rentabilité financière, ne fût-ce que parce qu’elle permet de diminuer les coûts (fidélisation, baisse du PAR et de la rotation du personnel, etc).

AL : La rentabilité est une nécessité dans le secteur car elle est synonyme de durabilité. Nous vérifions qu’elle se conjugue avec le respect de la mission sociale pour les IMF de notre portefeuille. Au cours de visites terrains, nous vérifions les taux d’intérêt pratiqués et nous nous rendons dans des villages pour discuter des pratiques des IMF avec les micro-emprunteurs. Nous avons mis en place également un programme d’assistance technique en déployant l’outil d’analyse de performance sociale SPI4 de CERISE. Après les avoir formés, nous envoyons une semaine sur le terrain des binômes de cadres dans des IMF partenaires de la banque pour analyser la performance sociale.

Propos recueillis par Baptiste Fassin
Chargé de publications
Convergences

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