Août 2016 – Cette tribune est le fruit du travail collégial du Groupe de travail « Finance responsable et inclusive », organe permanent de Convergences dédié à la réflexion collaborative entre les acteurs du développement durable. Vous pouvez la retrouver sur le site de La Tribune.

Par Sedera Ranaivoarinosy (KPMG), Robin Bonsey (Hystra) et Thomas Marin (AK2C) et Josephine de Bartillat (Convergences) pour Convergences.

PME comme grandes entreprises ont tout intérêt à s’engager dans une démarche de responsabilité sociale et environnementale

Dans une société qui aspire à plus de simplicité, de partage, de justice et de cohérence, les modes de vie et de consommation évoluent. Une véritable opportunité pour des PME, intégrées au territoire et souvent attentives et réactives aux nouvelles attentes des citoyens.
En intégrant et en développant de nouvelles approches (économie circulaire, économie de fonctionnalité et de la coopération, consommation collaborative, circuits courts, Made in France, open source, crowdfunding, …) elles innovent et challengent les offres des grandes entreprises parfois plus lentes à évoluer.

L’impact positif au service de la performance

Une entreprise comme La Camif est l’exemple même de ces PME qui ont su prendre le virage de l’impact positif au service de leur performance. L’entreprise emblématique était en cessation de paiement en 2008. Emery Jacquillat, PDG visionnaire du Groupe Matelsom, décide de la reprendre et de faire un pari audacieux : celui d’un recentrage fort sur le local, l’industrie française, la consommation responsable, l’innovation et le digital. Pari gagnant ! En 2015, l’entreprise retrouve l’équilibre économique avec 300 000 euros de bénéfices nets. Toujours à la recherche d’initiatives innovantes, La Camif.fr lance le Tour du Made in France et part à la rencontre de ses fournisseurs français et de leurs clients pour des journées d’échanges constructives et conviviales autour de la fabrication française et des bonnes pratiques RSE. Et nombreuses sont les PME qui surfent aujourd’hui sur la vague de l’impact positif : Blablacar, Veja, Enercoop, Fago, Le slip français, etc.

Et les grandes entreprises?

Qu’en est-il des grandes entreprises ? Si leur taille et leur implantation sur l’ensemble du territoire devraient leur permettre d’avoir un impact individuel important, certaines d’entre elles peinent à s’emparer des opportunités qui s’ouvrent à elles, à mettre en place de nouveaux modèles à cause de forces d’inertie dues parfois à leur taille ou hésitent à s’engager dans de nouveaux modèles et à prendre des risques encore mal évalués.
Cependant, de grandes entreprises pionnières ont su démontrer que des innovations sociales et environnementales sont réalisables en leur sein : Renault et ses Garages Solidaires, Michelin et son offre Effifuel, Blédina et son programme Malin, La Banque Postale et son dispositif L’Appui, BNP Paribas et sa stratégie Entrepreneuriat Social en Europe, et bien d’autres encore. Certaines d’entre elles ont également su allier innovation et collaboration en créant des partenariats. Les entreprises Leclerc, McCain et Randstad se sont ainsi associées pour lancer l’entreprise sociale BON et Bien, dont le modèle consiste à collecter les légumes non-calibrés chez des agriculteurs partenaires, et à les transformer en soupe en employant des chômeurs longue durée, luttant ainsi à la fois contre le gaspillage alimentaire et le chômage.

Cibler une problématique particulière

On observe que les grandes entreprises ayant réussi à mettre en place des projets à fort impact social partagent certaines caractéristiques communes : elles ciblent une problématique particulière à laquelle, en raison de leurs compétences, elles pensent pouvoir apporter un début de solution; elles s’engagent sans idée préconçue et avec l’envie d’apprendre ; elles progressent par itération; elles encouragent les « intrapreneurs », ces managers portant des projets innovants à l’intérieur de leur entreprise; elles créent un espace en interne dédié à l’expérimentation ; et enfin, elles impliquent l’ensemble de leur organisation en permettant à leurs employés de participer à ces projets.
Intégrer la notion d’impact social au sein de son modèle économique n’est pas restreint à un seul type d’acteur. Cette démarche est fortement portée par les entrepreneurs dits sociaux mais tend à se retrouver de plus en plus au centre de la définition de l’entreprise agile et libérée par des acteurs plus inattendus. De nombreux autres exemples de nouveaux modèles auraient pu être cités dans cet article. Le mouvement vers une alliance plus forte entre impact social, pérennité et performance économique est en marche. Il ne tient à présent qu’à chacun à enclencher cette transformation au sein de sa propre organisation car la ligne entre l’économie dite classique et « l’autre » est plus étroite qu’il n’y paraît. L’implication de tous les acteurs économiques est nécessaire pour réussir à résoudre les problématiques sociales et environnementales auxquelles nous faisons face.

Organisations signataires et membres du groupe de travail de Convergences : AK2C, Banques Alimentaires, BNP Paribas, Changer le monde en 2 heures, Club Jade, Co-Recyclage, Crédit Municipal de Paris, Christophe Hurbin, Eqosphere, France Volontaires, Groupe SOS, Heoh, Hystra, IDEAS, Initiative France, KPMG, Mutum, One Heart Communication, Planetic, RESPONS, SoScience!, Treez, Ville de Sceaux

(Crédits : Picture by Steve Bridger via Flickr / Creative Commons)

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