La French Tech a montré que la France est un territoire d’innovation. Mais nos startups ne sont pas seulement numériques… elles sont aussi sociales. Et les entrepreneurs pionniers de la Social Tech nous montrent tout l’intérêt d’allier innovation sociale et numérique.

Ils s’appellent Faciligo, Welp, Entourage ou Too Good To Go et utilisent toutes les potentialités du numérique pour faciliter le transport des personnes handicapées, renforcer l’engagement civique, développer du lien avec les plus exclus ou lutter contre le gaspillage alimentaire. Ils ont fait du numérique un levier pour répondre aux urgences sociales et environnementales, faire évoluer les pratiques et créer de nouvelles connexions citoyennes, de nouvelles solidarités.

Mais ces entreprises sociales ne représentent aujourd’hui qu’une partie émergée de l’iceberg. Leur modèle économique est viable et en plein essor avec des investisseurs engagés, mais leur rendement et la rapidité de leur développement est loin de ressembler à celui des entrepreneurs numériques courtisés par les business angels. Pourtant, ils cherchent tous à faire bouger les lignes durablement, ce sont tous les acteurs du changement. Alors pourquoi n’y a-t-il pas plus de numérique dans l’innovation sociale ? Comment exploiter les incalculables synergies entre le numérique et l’entrepreneuriat social ?

S’il ne fait aucun doute que les outils numériques sont un levier colossal d’innovation sociale, les entrepreneurs sociaux peinent d’abord à s’en saisir pour développer leurs projets : ils sont trop chers dans les phases d’amorçage et parfois même peu ou pas adaptés. Et, comme un contrepoint, certaines startups Tech qui souhaitent agir davantage pour le bien commun n’arrivent pas à intégrer pleinement la démarche dans leur modèle et leurs actions.

Alors, comment les aider à coopérer, à se polliniser ? Car quand les acteurs des deux univers s’allient, ils se renforcent. C’est ainsi qu’Emmaüs a lancé sa boutique en ligne, Label Emmaüs, une version sociale et solidaire du Bon Coin, afin de vendre une partie des objets d’occasion collectés par les compagnons de la communauté. L’association SOS Méditerranée, quant à elle, s’est associée avec le hacker et entrepreneur social Gaël Musquet, afin d’améliorer le système de communication de l’Aquarius, un bateau qui navigue au large de la Libye pour tenter de sauver les migrants. Un autre exemple : quand la plateforme Take it Easy s’effondre, une partie de ses livreurs en Belgique ont choisi de développer leur activité avec le statut d’entrepreneur-salarié dans le cadre de la coopérative SMART. Voilà une histoire de redynamisation économique via un modèle collaboratif et social.

Il est donc possible de nous rassembler pour affirmer des valeurs et des objectifs communs pour l’intérêt général. Nous avons un immense enjeu à ce que ces entreprises développent ensemble leur performance sociale et économique, qu’elles se rencontrent, s’inspirent, grandissent et s’épanouissent. En France, cela passera, entre autres, par l’activation de rencontres et de mises en réseau dans tout le territoire, la mise à disposition d’outils juridiques et de financements adaptés et la création de programmes d’accompagnement innovants. En cela, l’accélérateur d’innovation sociale qui sera lancé par le gouvernement en 2018 peut et doit jouer un rôle central pour embarquer tout notre écosystème.

A nous de rapprocher l’innovation sociale et le numérique pour que ces créateurs d’avenir puissent échanger et partager des valeurs et des manières de fonctionner au-delà du premier cercle des convaincus. Entrepreneurs engagés, vous faites le monde de demain, mais vos savoir-faire et vos convictions doivent s’unir pour qu’il soit durablement meilleur : plus humain, juste, écologique et démocratique !

Caroline Neyron

Déléguée générale du Mouves

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