Mardi 5 septembre 2017 | 11h30-13h30 | Salle des Engrenages
Comment marier économie circulaire et travail multi-acteurs pour franchir le pas de la vision à l’action ? Le Forum Mondial Convergences 2017 a réuni au Palais Brongniart de Paris Christophe Debien (Institut de l’économie circulaire), Tanguy Desandre Navarre (Love Your Waste), Valérie Herrenschmidt-Munoz (Citeo) et Arnaud Rolland (Coca-Cola European Partners France) sous la houlette de Patrick d’Humières (l’Académie Durable internationale) pour discuter des enjeux de cette dynamique.
Une prise de conscience qui prend de l’ampleur
On observe une récente prise de conscience chez les entreprises, acteurs publics et citoyens. En 2017, 68% des emballages ménagers mis sur le marché sont recyclés mais témoignent d’une grande disparité : 88% pour le verre, 67% pour le carton, 50% pour les bouteilles en plastique. A cela s’ajoute une disparité territoriale : à Paris, seule 1 bouteille en plastique sur 10 est recyclée contre 8 dans certains autres territoires. Les causes sont connues (absence de poubelles de tri dans des cuisines parisiennes trop petites, absence de containers de tri pour 300 000 habitants d’immeubles parisiens…). Ces blocages appellent des innovations, tant du côté des gros acteurs de l’industrie que de celui des petites initiatives citoyennes.
Love Your Waste est un exemple de ces innovations. L’objectif de la start-up est de travailler sur la communication positive avec des exemples concrets (« Grâce à vous, on a trié 1 000 kg de déchets ce qui permet d’éclairer 15 terrains de foot ! »). Ainsi depuis avril 2015, 325 tonnes de déchets ont été valorisées et 7 500 personnes trient au quotidien leurs biodéchets et sont sensibilisées au gaspillage.
Côté privé, Coca-Cola European Partners a créé Infinéo, une co-entreprise avec le recycleur Plastipak Packaging : « Cette usine nous permet d’intégrer 1/3 de matière recyclée dans nos bouteilles. Ainsi, nous contribuons à pérenniser et à développer la filière du recyclage des bouteilles plastiques en France. », explique Arnaud Rolland. Citeo (fusion d’Eco-Emballages et d’Ecofolio) n’est pas en reste avec son ambition de tenir l’objectif réglementaire fixé en 2022 à 75% de recyclage pour les emballages et 65% pour le papier (aujourd’hui respectivement à 68% et 55%)[1]. Pour cela, elle développe trois axes d’action : des solutions pour les entreprises, la modernisation du dispositif de tri et de recyclage et la mobilisation renforcée des citoyens.
Pour des politiques publiques plus ambitieuses
Au recyclage, autrefois point central des politiques publiques, sont venus s’ajouter d’autres thèmes afin de traiter le sujet dans sa globalité : développement des territoires, utilisation des ressources, partenariats public-privé… sont autant de termes qui viennent faire évoluer la législation et la réglementation pour dynamiser l’économie circulaire et déconstruire le schéma linéaire « produire-consommer-jeter ».
Première preuve de cette évolution, l’Institut de l’économie circulaire deviendra l’Institut national de l’économie circulaire et permettra une communication et une stratégie à plus grande échelle pour mener à bien ses missions : fédérer les acteurs et experts dans une démarche collaborative, mutualiser les compétences et les ressources et faciliter les échanges de savoir et d’expériences entre les acteurs afin de favoriser l’émergence de projets multipartites.
L’économie circulaire, future incarnation du modèle économique français
La course vers des résultats toujours plus ambitieux est donc lancée. Alors, quelles recommandations pour perpétuer les efforts et faire de l’économie circulaire l’incarnation du modèle économique français ? Dans cette optique, la mutualisation des actions est essentielle : les entreprises mettent leurs produits sur le marché, le citoyen trie les déchets qui en résultent et les collectivités locales gèrent ces déchets avec leurs opérateurs. Un travail devra également être fait au niveau de la commande publique en améliorant les performances logistiques et la mise en œuvre des réglementations. A l’unanimité, on parle enfin de sensibilisation et de communication à grande échelle : c’est en étant informé de l’utilité du geste de tri que chaque maillon de la chaîne pourra instaurer une nouvelle dynamique susceptible d’entraîner tous les secteurs à sa suite.
[1] http://www.environnement-magazine.fr/article/49827-eco-emballages-et-ecofolio-fusionnent-en-citeo/