Pour la huitième année consécutive, OpinionWay a mené pour Ashoka une enquête inédite sur la perception de l’entrepreneuriat social en France. Cette enquête dévoile la perception des entrepreneures (47% des participants à la consultation) et entrepreneurs sociaux (53% des participants) et du grand public quant à la capacité des entreprises sociales à répondre aux problèmes sociétaux et environnementaux. Elle présente aussi les tendances et perspectives d’évolution du secteur à long terme.

La priorité pour les Français : la lutte contre le chômage, devant le changement climatique et les questions de santé

Détrôné en 2018 par le changement climatique, le chômage revient cette année en tête des préoccupations des Français. Pour 48% d’entre eux, il constitue le problème le plus urgent à résoudre, reflétant des inquiétudes liées aux conséquences économiques de la crise sanitaire du Covid-19. Le niveau de préoccupation lié au changement climatique, en hausse ces dernières années, reste élevé : c’est un sujet prioritaire pour 42% des Français. Le climat se maintient largement en tête des défis prioritaires pour les entre-preneurs sociaux : pour 82% d’entre eux, il s’agit du problème le plus urgent à résoudre, devant celui de la cohésion sociale (49%). En lien également avec la crise sanitaire, la santé fait son entrée dans le top 3 des priorités des Français, devançant de deux points les questions liées à la pauvreté (39% contre 37%).

Autre effet de la crise, on constate une attente plus forte des Français en-vers les pouvoirs publics, qui sont identifiés par 34% des sondés comme étant l’acteur le plus innovant pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux, soit une hausse de 10 points par rapport à la précédente en-quête (édition 2019 du Baromètre / enquête menée fin 2018). Les entreprises sociales ne sont perçues comme les plus innovantes dans la résolution des problèmes de société que par 20% des Français, un chiffre en baisse de 5 points, et identique à celui obtenu par les entreprises dites de l’économie classique.

De leur côté, les entrepreneurs sociaux continuent à estimer être les acteurs les plus efficaces pour faire face aux enjeux sociaux et environnementaux. Cette conviction est partagée par 67% d’entre eux et est en hausse de 9 points. Cependant, si 87% des entrepreneurs sociaux se montraient optimistes quant à leur capacité à répondre aux principaux défis de société lors de l’enquête précédente, ils ne sont plus que 78% en 2020 et 70% pour les questions environnementales.

Une notoriété en baisse de l’ESS et de l’entrepreneuriat social mais une reconnaissance de leur utilité en hausse

Elément marquant issu du sondage, la notoriété des termes “économie sociale et solidaire” (ESS) et “entrepreneuriat social” enregistre cette année une forte baisse. Seuls 47% des sondés déclarent avoir déjà entendu parler de l’économie sociale et solidaire, soit une chute significative de 21 points par rapport à l’enquête précédente. L’entrepreneuriat social connaît lui aussi une importante diminution de sa notoriété (-13 points) : 25% des Français seulement déclarent connaître ce terme, soit le plus bas niveau enregistré depuis 2012.

Pour autant, les entrepreneurs sociaux restent identifiés comme des acteurs pertinents face aux problèmes de société : 78% des sondés considèrent que les entrepreneurs sociaux sont utiles pour répondre aux problèmes sociaux, et 69% considèrent qu’ils sont également utiles dans la lutte contre les problèmes environnementaux et le changement climatique.

L’attractivité du secteur, si elle connaît un léger recul, reste quant à elle relativement stable et s’observe particulièrement chez les jeunes : 45% des 18-24 ans se déclarent intéressés par l’économie sociale et solidaire pour lancer leur propre activité (+2 points), et 59% pour y travailler (+9 points). Signe que malgré la crise, le sens au travail s’affirme comme une priorité pour cette génération.

Ecosystème et partenariats

93% des entrepreneurs sociaux pensent qu’une collaboration avec les autres acteurs de l’économie (entreprises classiques, pouvoirs publics) est réalisable et 47% estiment même que la crise va faciliter ces collaborations, tous les acteurs devant faire preuve de flexibilité, d’adaptation et de réactivité. Les entrepreneurs sociaux sont d’ailleurs 85% à collaborer avec des entreprises classiques et 72% à travailler avec les pouvoirs publics (+6 points). En hausse de 6 points également, une conviction à 94% que le développement de l’activité peut être impacté positivement en collaborant avec les pouvoirs publics. La perception des mesures prises par les pouvoirs publics pour soutenir l’activité économique face à la crise est cependant plus nuancée : suffisantes pour 65% des entrepreneurs sociaux sondés, ces mesures sont vues à 64% comme insuffisamment adaptées aux besoins spécifiques des entreprises sociales.

En lien probable avec la crise du Covid-19, les partenariats voient cette année le retour assez marqué de logiques davantage basées sur le soutien financier que sur la collaboration. Les attentes en matière de soutien financier et de subventions augmentent respectivement de 6 et 8 points, et 64% des entrepreneurs sociaux espèrent des débouchés accrus pour leurs produits et services (+10 points). Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec les freins au développement identifiés par les entrepreneurs sociaux : pour 51% d’entre eux, la principale difficulté est le manque de moyens financiers (+8 points). La conception en commun de nouveaux produits et services reste néanmoins une attente phare des entrepreneurs sociaux (63%), signe que les logiques de coopération restent fortes, dans un contexte où 25% des entrepreneurs sociaux déplorent un manque de partenariats avec les entreprises classiques.

Des perspectives de développement optimistes malgré la crise et dans un contexte de transition

89% des entrepreneurs sociaux estiment que les perspectives de développement de l’entrepreneuriat social sont bonnes en France, un chiffre stable, qui reflète une certaine confiance dans l’avenir, malgré la crise sanitaire. Celle-ci n’apparaît d’ailleurs comme une menace que pour 5% des entrepreneurs sociaux sondés, 6 sur 10 considérant plutôt qu’il s’agit d’une opportunité pour le secteur. 25% des entrepreneurs sociaux envisagent de réorienter tout ou partie de leurs activités suite à la crise, et 83% prévoient même de recruter (+14 points), un chiffre élevé qu’une éventuelle baisse de l’emploi en début de crise ne saurait suffire à expliquer.

Ces résultats optimistes sont à mettre en perspective avec une forte association de l’entrepreneuriat social avec les grandes transformations contemporaines. Alors que la thématique de la transition écologique gagne du terrain dans le débat public et que la crise sanitaire est apparue pour de nombreux observateurs comme un moment unique pour construire un “monde d’après” durable et solidaire, les entrepreneurs sociaux apportent des alternatives au business as usual. Les Français ne s’y trompent pas et estiment à plus de 80% que les entre-preneurs sociaux ont un rôle à jouer dans la construction de l’économie post-crise, notamment pour lutter contre ses conséquences, telles que le chômage, la première de leurs préoccupations. Ils sont aussi 68% à associer les notions d’entrepreneuriat social et de transition écologique, un chiffre qui grimpe à 93% pour les entrepreneurs sociaux, qui entendent s’affirmer comme pionniers d’un monde de demain plus respectueux de l’environnement.

Carine Valette
Responsable de la communication et des publications
Convergences

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