Lundi 4 septembre | 14h-15h30 | Salon Napoléon
L’essor des entreprises sociales est aujourd’hui indéniable en France. Toutefois, elles rencontrent des obstacles à leur développement. Comment pourrions-nous aujourd’hui nous inspirer du modèle de la French Tech et mettre ses réussites à profit de l’innovation sociale et du développement à long terme de l’économie sociale et solidaire (ESS) ?
La French Tech, c’est quoi ?
La bannière « French Tech » rassemble tous ceux qui travaillent dans ou pour les startups françaises du numérique, en France ou à l’étranger. Il s’agit des entrepreneurs en premier lieu, mais aussi des investisseurs, ingénieurs, designers, développeurs, grands groupes, associations, medias, opérateurs publics, instituts de recherche… qui s’engagent pour la croissance des startups d’une part et pour leur rayonnement international d’autre part. Le terme « startup » est également en vogue, mais combien peuvent le définir ? Il s’agit une jeune entreprise avec une ambition mondiale à la recherche d’un modèle économique qui lui assurera une croissance forte et rapide, ou une entreprise qui a grandi avec un tel modèle.
La French Tech est aussi une initiative de l’Etat portée et construite avec tous les acteurs pour soutenir ces startups. Les actions de la French Tech sont multiples : fédérer les acteurs publics et privés, accélérer la phase de développement en mettant à disposition des outils financiers et un réseau d’acteurs, et faire rayonner par l’aide à la création et au développement d’entreprises des français à l’étranger.
Innovation sociale et French Tech : enjeux et perspectives
Pour pouvoir transposer aux acteurs de l’innovation sociale le dispositif French Tech et le soutien qu’il a apporté aux acteurs du numérique, il faut tenir compte de rois enjeux spécifiques au secteur. En premier lieu, les acteurs de l’innovation sociale ont besoin d’accompagnement. De nombreux incubateurs voient le jour et permettent à de futurs entrepreneurs d’avoir accès à d’espaces de co-working et de bénéficier d’accompagnement stratégique, de formations collectives et de mise en réseau. On pourra citer Ronalpia qui détecte, sélectionne et accompagne des entrepreneurs sociaux à fort potentiel d’impact avec des incubateurs à Lyon, Grenoble, Bourg-en-Bresse et Clermont-Ferrand. Des réseaux comme Ashoka apportent un accompagnement clé pour le développement du secteur en repérant les innovations sociales à plus fort potentiel à travers le monde, en faisant dialoguer les acteurs complémentaires pour résoudre des problématiques sociétales et en détectant et accélérant les tendances et les modèles de demain qui émergent de ce réseau[1]. Un numérique inclusif est ainsi en train de voir le jour, à l’image de l’entreprise sociale Simplon.co qui propose des formations gratuites pour se former aux métiers 2.0 (développeur de sites web et d’applications mobiles, intégrateur, référent numérique, datartisan, e-commerçant, etc.).
En second lieu vient le besoin de financement des entreprises sociales pour la phase de recherche, de développement et d’innovation dans les produits et services proposés. Il existe aujourd’hui des dispositifs comme La France s’engage[2] qui apporte un soutien financier aux initiatives sociales innovantes. Un programme de labellisation plus large permettrait de répondre aux besoins grandissants des innovateurs sociaux. Par ailleurs, il peut-être aussi pertinent de repenser, d’adapter les modèles économiques des structures solidaires. C’est ce qui expérimente la Croix-Rouge française qui repense actuellement son modèle associatif pour aller vers une entreprise sociale[3]. Elle a dû pour cela dégager un flux de trésorerie destiné au financement de ce changement d’organisation et surtout sensibiliser ses acteurs sur la culture du risque –et donc de l’échec, mais aussi de la réussite !
Enfin, il est nécessaire de renforcer l’ancrage territorial de l’innovation sociale afin d’assurer sa cohérence et son efficacité. Un tel ancrage permettrait de répondre aux besoins des communautés locales et de créer une synergie collective des actions à mener. En effet, la décentralisation à l’échelle des métropoles françaises est une première étape, mais les besoins sont aussi péri-urbains et ruraux. La French Tech se positionne donc comme un réel acteur du développement du réseau de l’innovation sociale au niveau européen en participant au maillage territorial.
Les pouvoirs publics doivent comprendre ce qui marche, puis le répliquer en l’adaptant. L’idée serait donc d’observer les métropoles de la French Tech et de s’en inspirer en tenant compte de la spécificité de chaque territoire. L’État devrait être un tiers de confiance, un garant pour faciliter l’accès aux financements. « La French Tech de l’innovation sociale doit être au cœur des territoires et inclusive », conclut Frédéric Bardeau, co-fondateur de Simplon.co.
Toutefois, les pouvoirs publics ne peuvent pas agir seuls. La mobilisation et l’action de tous les acteurs est nécessaire. Il faut initier une gouvernance territoriale, en mobilisant les collectivités locales, les entreprises et la société civile. Ce seulement avec cette convergence des acteurs qu’une « French Tech de l’innovation sociale » aura un vrai écho et un fort impact sur les innovations sociales et les territoires.
Prise de notes : Aurélie CLERC
[1] https://www.ashoka.org/fr/qui-sommes-nous
[2] http://fondationlafrancesengage.org
[3] http://www.croix-rouge.fr/La-Croix-Rouge/La-Croix-Rouge-francaise/Organisation-et-fonctionnement/acteur-economie-sociale-et-solidaire