Le changement climatique a cela de particulier que, affectant de manière différenciée les champs sociaux et économiques du globe, il entraîne des effets qui se réalisent aussi sous divers aspects. Les innondations, sécheresses, invasions de locustes, glissements de terrain ou feux de forêts sont autant de manifestations du dérèglement du climat, lui-même résultant de l’accroissement de la pression de nos sociétés productivistes sur les ressources naturelles. De fait, les conséquences économiques et sociales peuvent être désastreuses sur les territoires à forte dépendance de la terre et de ses ressources. L’ONG ACTED propose ainsi THRIVE (Towards Holistic Resilience In Vulnerable Environments) comme outil pour apporter des réponses aux enjeux du changement climatique, dans une double logique de réduction des risques de catastrophes (DRR) et de sensibilisation aux mesures de résilience.
C’est en Afrique de l’Est que THRIVE a été le plus largement appliqué. Sur les 317 projets qu’ACTED a mis en œuvre dans la région entre 2010 et 2019, plus de la moitié ont inclus des éléments de THRIVE. A ce jour, l’Ouganda, la Somalie, le Niger, le Nigeria et le Soudan du Sud bénéficient de ce programme. Son objectif de régénération et de préservation des terres est lié aux questions de cohésion sociale, dans des régions où la pauvreté chronique et la rareté des ressources constituent un cocktail explosif. Alors qu’un nombre croissant de sociétés pastorales, agricoles et d’élevage connaissent des tensions sociales liées à l’exploitation des ressources naturelles, ces dernières s’épuisent sous l’effet du changement climatique, accentuant ainsi les tensions autour de certaines ressources stratégiques, comme l’eau et la terre. THRIVE propose donc une approche reposant sur trois piliers
Le pilier « Revive » se concentre sur la réhabilitation des sols (réduction de l’érosion et réhydratation des eaux souterraines épuisées). Il encourage les communautés à repenser leurs choix de cultures, favorise la reforestation et veille à ce que le pâturage des animaux ne contribue pas à la dégradation des sols. Le deuxième pilier, « Emerge », rationalise les chaînes de valeur qui mènent un produit agricole de la ferme au marché, favorise l’accès à l’information et aux services financiers, et inclut des structures de gouvernance locale pour assurer un meilleur suivi des besoins des communautés de producteurs. Pour les agriculteurs, il garantit l’accès aux outils, aux connaissances et aux compétences nécessaires pour optimiser les rendements. Enfin, le pilier « Integrate » place la discussion entre les communautés et les sous-communautés au centre. Il identifie les différents domaines de collaboration possibles (reboiser une colline, construire un pont, creuser un puits, etc.) afin de répondre efficacement aux contextes marqués par des conflits autour des ressources naturelles communes.
La Somalie est un exemple de zone à forte vulnérabilité environnementale. Au bord de la famine en 2017 après quatre saisons consécutives de sécheresse, de nombreuses communautés rurales ont été contraintes d’abandonner leurs terres. Plus de 1,5 million de personnes sont désormais confrontées à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire. THRIVE transforme cette zone en un système socio-écologique résilient, capable de s’autogérer, d’apprendre et de s’adapter aux chocs imposés par le climat et d’autres facteurs sociaux. Les communautés se coordonnent désormais pour protéger les sols, gérer l’érosion, assurer la reconstitution des nappes phréatiques, procéder à la reforestation et réfléchir à la réduction de l’impact du bétail sur l’environnement
Dans la région de Karamoja, au nord-est de l’Ouganda, la question de savoir comment aider les communautés agricoles à s’adapter au changement climatique se pose avec une acuité particulière étant donné qu’elles dépendent d’une seule récolte par an. Les sécheresses sont une préoccupation à la fois pour les besoins alimentaires et pour la paix et la stabilité dans la région : une mauvaise récolte ou une récolte ratée peut forcer les gens à se tourner vers le vol de bétail armé. C’est face à ce défi qu’ACTED a commencé à travailler avec les communautés de Karamoja pour renforcer la résilience aux chocs climatiques. Aujourd’hui, 18 km de tranchées manuelles de collecte d’eau ont été creusées, et 120 bénéficiaires ont été formés à de meilleures pratiques agricoles.
THRIVE en quelques chiffres
1 896 hectares de terres dégradées restaurées
3 800 ménages formés aux techniques « Revive »
50 000+ semis plantés pour soutenir la reforestation et la restauration des prairies
70 % de l’ensemble des fonds d’aide sont consacrés aux interventions d’urgence
1 dollar dépensé pour la préparation permet d’économiser 7 dollars pour la réponse.