NOUS AVONS LA GRANDE AMBITION DE MÉTAMORPHOSER LA CULTURE POUR EN FAIRE UNE ALLIÉE DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE

Magali Payen

Fondatrice, On est Prêt

Experte des médias et de la mobilisation citoyenne, Magali Payen est productrice mais surtout l’initiatrice du mouvement “On est prêt”, qui crée des contenus inspirants et utilise les réseaux sociaux pour sensibiliser et mobiliser les jeunes (mais pas que) aux enjeux environnementaux. Rencontre avec une entrepreneure militante et créative !

En quoi “On est prêt” permet-il de de sensibiliser aux enjeux de la transition écologique ?
Le mouvement se consacre à inspirer et surtout à mobiliser le grand public. Notre mission est de parler à ceux qui sont souvent les plus éloignés des questions environnementales et de faire le lien avec leur quotidien et leurs centres d’intérêt, notamment culturels. En organisant des collaborations entre experts, acteurs du changement et artistes, nous essayons de créer des contenus inspirants et convaincants, même pour quelqu’un ne s’intéressant a priori pas aux enjeux traités. La forme est donc particulièrement importante pour nous. Nous avons la grande ambition de métamorphoser la culture pour en faire une alliée de la transition écologique. On est Prêt travaille en permanence au renouvellement des imaginaires. En diffusant nos travaux et ceux d’experts auprès des créateurs culturels, nous espérons qu’ils pourront être les premiers relais de la mobilisation et que leurs créations pourront à long terme favoriser le passage à l’action. Quoi de mieux qu’une série Netflix ou HBO qui diffuse adroitement des messages utiles pour changer la société ?

Quels défis avez-vous rencontrés pour mettre en place “On est prêt” ?
Ce modèle et cette ambition de transformer la culture grand public – populaire en un mot – était quelque chose d’assez nouveau lors de la création de notre première campagne. Travailler aussi étroitement avec des acteurs aussi différents que des créateurs YouTube, des experts et des ONG nous a vraiment poussé à créer un nouveau modèle, qui s’appuie sur l’intelligence collective et sur la capacité à mobiliser les acteurs d’une économie au service du bien commun. Il a fallu convaincre tous ces gens de donner une chance à ce nouveau modèle, quand bien même tout cela était fait de manière entièrement bénévole au début. La question du modèle économique reste d’ailleurs toujours importante pour nous. Il faut pouvoir produire des contenus de qualité, sans promouvoir d’idées ou d’objets “destructeurs”, puis ensuite les diffuser le plus largement possible et donc a priori gratuitement.

Ensuite, nous avons rapidement pris conscience qu’il y avait un impératif de pureté militante sur les réseaux sociaux, notre principal terrain de jeu, ce qui était un vrai obstacle à l’engagement. Cette critique permanente des imperfections, des erreurs présentes et passées, empêchait vraiment un grand nombre de gens de prendre la parole et de participer à la mobilisation. Nous avons donc dû travailler sur ce thème et même faire du coaching pour dépasser cet obstacle et avancer ensemble.

La crise du Covid-19 représente-t-elle selon vous une menace ou une opportunité pour la transition écologique ?
Les deux, évidemment ! Toutes les crises sont aussi bien des menaces que de nouvelles opportunités pour faire les bons choix et transformer notre modèle de société. Des menaces tout d’abord car elles peuvent donner l’envie de laisser à plus tard les urgences écologiques, climatiques, sociales… pour traiter seulement les symptômes immédiats de la crise. Des opportunités ensuite car, nous en sommes témoins, les crises rendent possibles ce qui quelques semaines auparavant semblait encore inenvisageable. Les cordons de la bourse s’ouvrent en même temps que les lois, les décrets et les réglementations se succèdent pour enrayer la crise. Il est alors possible d’orienter toutes ces mesures et ces décisions avec comme indicateur fort : « comment cela peut-il contribuer à changer le modèle ? ». Il est possible, certains gouvernements l’ont fait, d’accorder les aides publiques aux entreprises qui jouent le jeu de la transition et de pousser les autres à se transformer. De changer les règles fiscales pour avantager ces pratiques durables, résilientes et solidaires et freiner la reprise de celles qui menacent au contraire la transition écologique.

C’est aussi dans ces moments qu’il devient enfin possible de faire comprendre l’importance des communs, des services publics et du lien social pour faire bouger les lignes politiques. C’est la démocratie même qui peut sortir régénérée et transformée de ce moment si on laisse les citoyens s’emparer du débat et faire leurs propres propositions. C’est ce qui est peut-être en train de se passer par exemple avec la Convention Citoyenne pour le Climat qui a rendu ses préconisations à la fin du mois de juin. Quel meilleur moment que celui-là pour écouter ces 150 citoyens et mettre en place ces transformations ?

Quelles sont les prochaines étapes pour“On est prêt” ?
Nous allons justement nous engager à fond pour faire un maximum de bruit autour des propositions de la Convention pour qu’elles soient reprises et appliquées sans filtre, comme le Président Macron s’y était engagé. Il s’agit d’une opportunité inédite et nous voudrions qu’un maximum de gens soutiennent les 150 citoyens. On est Prêt va bien sûr poursuivre son travail sur les réseaux sociaux, produire des contenus artistiques et culturels pour challenger et muscler nos imaginaires et inspirer le plus large public possible à la mobilisation. Sur les sujets environnementaux et les inégalités sociales bien entendu, mais également pour de nouvelles causes pour nous, comme le féminisme par exemple. 2020 est aussi l’année de l’internationalisation pour le mouvement et nous espérons que les ponts que nous sommes en train de construire avec d’autres pays européens pourront mener très rapidement à des campagnes communes, internationales à même de mobiliser les citoyens de plusieurs pays !

Propos recueillis par
Baptiste Fassin
Chargé de publications
Convergences

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