MA CONVICTION, C’EST QUE LES ENTREPRISES À IMPACT SONT LES MIEUX POSITIONNÉES POUR LA REPRISE »

Jean Moreau

Co-président, Mouves

Co-fondateur et président de Phenix, co-président de Tech For Good France et du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves), Jean Moreau est l’invité du Baromètre. Rôle des entrepreneurs sociaux face à la crise, monde d’après… entretien avec un entrepreneur engagé.

La crise sanitaire a engendré de nombreuses problématiques immédiates (besoin de matériel et de masques, difficultés accrues pour les personnes en situation de précarité, etc.). Comment les entreprises sociales ont-elles pris leur part dans la réponse à l’urgence sanitaire et sociale liée à l’épidémie ?

Les entreprises à impact social et environnemental ont été au rendez-vous : ce sont elles qui ont produit des masques comme 1083, Le Slip Français et le collectif Savoir Faire Ensemble, Vitamine T et les masques “Résilience”. Ce sont aussi elles qui ont continué à nous fournir des aliments de qualité via des circuits de proximité avec par exemple Comptoirs de campagne, Rutabago, ou La Ruche Qui Dit Oui. Des entreprises sociales comme Alenvi et Logivitae gèrent également des établissement pour personnes âgées, avec des salariés fidèles en première ligne.

Elles se sont mobilisées aussi pour soutenir le personnel soignant. C’est le cas d’AssoConnect via l’initiative #ProtègeTonSoignant, du collectif entre MicroDon, Ulule et La Croix-Rouge ou encore de l’initiative des Paniers Solidaires. Elles se sont aussi investies pour l’engagement dans la solidarité des salariés des grands groupes (Wenabi, Vendredi, …).

Je prendrai enfin l’exemple de l’association Banlieues Santé, qui a sensibilisé sans relâche au sujet des gestes barrières dans les quartiers. Les entreprises sociales démontrent qu’il est possible de faire autrement, et que ceux qui le font depuis des années s’en sortent d’ailleurs très bien : la preuve en est désormais faite !

La crise sanitaire a et va aussi avoir de lourdes conséquences économiques. Quel impact pour les entreprises sociales et les perspectives de développement du secteur ? Comment faire face ?

J’observe avec bonheur que plusieurs entreprises sociales ont su boucler des levées de fonds pendant cette période compliquée, leur permettant de tenir et de se projeter (Gifts for Change, AssoConnect, Chance, Spareka, Castalie, etc.). Cela n’est pas une fin en soi mais, en temps de crise : “Cash is king !”. Comme toutes les entreprises, celles qui sont en mal de trésorerie vont passer par des phases difficiles.

C’est là que l’État doit intervenir, et il le fait, avec différents dispositifs de soutien comme l’activité partielle ou les prêts garantis. Mais il pourrait faire encore davantage, notamment si la Banque Publique d’Investissement consacrait autant d’efforts et de moyens au secteur de la transition sociale et environnementale qu’au secteur tech traditionnel. A défaut, il faudrait créer une Banque Publique de la Transition, et en parallèle orienter une partie des aides d’État et du plan de relance vers des entreprises vertueuses.

Ma conviction, c’est que les entreprises à impact positif seront les mieux positionnées pour la reprise, car leurs services et leurs missions correspondent aux attentes non seulement des consommateurs, mais aussi des travailleurs, des talents de la jeune génération, et des financeurs. Toutes les conditions me paraissent réunies pour un passage à l’échelle du secteur.

En provoquant un moment de rupture, cette crise remet fortement en question le fonctionnement économique de nos sociétés. Comment les entreprises sociales peuvent-elles montrer la voie pour un « monde d’après » différent, plus durable, plus solidaire ?

Le moment que nous traversons constitue à mes yeux une opportunité pour la transition. La crise a permis de poser des questions qu’on ne posait jamais et de donner la parole à ceux que l’on n’écoutait presque pas, pourtant “en première ligne”. De nouveaux récits communs vont émerger, dans lesquels les entreprises aspirent à accroître leur utilité. Si certains y voient une attitude conjoncturelle, moi je pense plutôt qu’il s’agit d’une tendance de fond, présente avant la crise, et qui va s’accélérer avec celle-ci.

Quand des entreprises comme Lita.co montrent qu’il est possible de démocratiser la finance responsable, les grandes banques viennent taper à la porte pour savoir comment s’en inspirer. Quand Hopaal apporte la preuve qu’on peut produire plus local et responsable, les mastodontes du textile envisagent de redimensionner leur appareil de production. Danone, qui est entrée au capital de Phenix en février dernier, vient pour sa part de devenir la première “entreprise à mission” côtée. On ne peut qu’espérer que cela inspire les 39 autres entreprises du CAC 40.

Des drames comme celui du Rana Plaza ne peuvent plus arriver. Les consommateurs français sont prêts à payer quelques euros de plus pour s’en assurer. Toutes les entreprises et notamment les grands groupes devront s’approprier ces logiques et ces modèles pour ne pas perdre leurs parts de marché. C’est ce qui va permettre, à terme, une vraie transformation de l’ensemble de l’économie.

Quel rôle les entrepreneurs sociaux entendent-ils jouer dans la relance ? Comment faire entendre leur voix pour définir ce que doit être l’économie de demain ?

L’urgence est à la relance par la transformation sociale et environnementale et à l’évolution vers un nouveau modèle d’entreprise. Profitons-en pour faire de l’entrepreneuriat à impact le nouveau standard, la norme de demain !

Si l’État saisit cette opportunité unique de repenser le modèle économique de notre société toute entière pour le rendre plus résilient, plus durable, alors cette transition sera profitable à notre secteur, mais surtout à la société dans son ensemble. Il s’agit d’encourager la création d’entreprises qui se mettent réellement au service du bien commun, des “licornes vertes” qui viendront remplacer les entreprises à externalités négatives.

L’État doit se comporter réellement comme une boussole de l’intérêt général, et ne pas simplement se poser en financeur de l’économie sociale. Il doit aussi assumer une logique d’exemplarité, en augmentant par exemple la pondération des critères sociaux et environnementaux dans ses appels d’offres. À terme, il pourrait même moduler le taux d’imposition des entreprises en fonction de leur impact.

Pour faire entendre notre voix, il nous faut joindre nos forces, nous coaliser pour peser. Avec Eva Sadoun, qui co-préside le réseau Tech For Good France avec moi, nous venons d’être élus co-Présidents du MOUVES, le Mouvements des Entrepreneurs Sociaux. Dans les prochains mois, nous comptons rapprocher ces deux mouvements. Notre objectif est de bâtir une alternative sociale et écologique au MEDEF, pour faire ensemble le pari de la transition. Nous voulons pour cela créer des ponts entre les différentes entités de l’économie à impact positif pour peser sur les politiques et dans les médias. C’est comme ça qu’on changera les choses, en parlant d’une seule voix.

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